Tour d'Issyk Kul à vélo Vol.1

Les premiers coups de pédales en Asie centrale... Entre plaines désertiques, badlands, lacs et hautes montagnes

Bishkek -> Balyktchy

Mission impossible

Journée mission à vélo pour retrouver Marine à temps pour le horse riding tour to Song Kul lake! Marine c'est ma copine qui, incroyablement, voyage au Kyrgyzstan en même temps que moi! Normalement, je devais partir la veille, le 10, mais à cause de cette histoire de freins, je n'ai plus que le 11 pour rejoindre Balyktchy où je pourrai laisser mon vélo et reprendre la route au retour, le long du lac Issyk Kul, sans avoir de détour à faire.


Objectif : 184 km 

Dénivelé : je croyais pas beaucoup

Température ext. : 30°C

Préparation : aucune

Etat de la route : goudronnée mais fréquentée, c'est genre leur autoroute...


Bilan : j'ai réussi à faire 140km et 2 600m de dénivelé en partant de Bishkek à 9h. A 19h, le soir tombant et arrivant enfin au bout de cette partie de 4 voies sans arrêt possible, j'ai abdiqué et fait du stop pour les derniers kilomètres.


J'ai brûlé et tout mon corps n'était plus que douleur : mon coccyx, mes fesses, mes yeux, mon cou, tout... J'ai eu peur, du traffic essentiellement, même si je m'attendais à pire. Résultat: je suis bien contente d'aller faire du cheval !

Ce que j'ai détesté...

 Âme sensible et littéraire, s'abstenir de ce paragraphe :

- Avoir les fesses, etc en détresse de sorte que plus aucune position sur cette selle n'est supportable à partir des 115 bornes.

- Être une vache avec les moucherons qui volent devant tes yeux, qui se posent sur l'intérieur de la visière de ta casquette. Tu les vois. Tu les chasses mais que tu ailles a 10 ou 30 km/h, ces **** te suivent.

- Mourir de chaud

- Mourir de soif et acheter de l'eau pétillante, alors que les bulles ça piquent et c'est dégueu, tout ça parce t'es incapable de comprendre le subtil cyrillique de l'étiquette.

- Avoir des éruptions cutanées de soleil jusque sur les paupière alors que t'as porté ta casquette et tes lunettes non stop.

- Avoir mal au coccyx à en pleurer (oui je l'ai déjà dit)

- Conspuer ces kirghizes qui te saluent en klaxonnant à deux mètres de toi et qui te filent tellement la frousse que tu manques de te foutre par terre.

- Rouler sur le bord d'une autoroute

- Souhaiter la mort au chien qui t'aboie dessus de l'autre côté de l'autoroute et qui hésite à traverser pour te choper. Mais vas-y traverse, y'a 10 bagnoles à la seconde, essaie voir...

Mille Merci

Balyktchy enfin!
Balyktchy enfin!

 

C'était usant physiquement et moralement alors je tiens à remercier tous ceux qui m'ont aider à surmonter cette

épreuve : mes parents qui m'ont toujours soutenue (maman ta crème va servir), mes producteurs... En vrai de vrai, merci :

- au petit garçon aux étoiles dans les yeux en me regardant moi et mon vélo qui m'a offert une gorgée puis finalement toute sa bouteille de soda au citron (délicieuse par ailleurs) avec une classe digne de James Bond.

- au monsieur à sa fenêtre qui s'est époumoné pour me prévenir que j'avais perdu quelque chose, ma serviette en l'occurrence, qui m'aurait manquée.

- à tous ces "hello" du bord de route, à ces enfants souriants.

- à Sacha et Manon pour cette partie de Bazar Bizarre du soir. Première fois où je devais me concentrer à ce jeu pour gagner tellement ils étaient entraînés ces petits français!

 

Et à leurs parents pour l'accueil dans la Guesthouse et le repas gratis les pieds sous la table, ça tombait à pic!

- et surtout, aux deux amis et papa, de 1986 (c'est important) qui m'ont prise en stop, à peine avais-je esquissé un geste de la main, alors que j'étais au bout de ma vie.

Balyktchy -> Kysyl-Tuu

Après l'excursion cheval, me voici de retour à Balyktchy pour faire un peu de vélo.

Départ sur le tard, midi, le 15 août, je vise Bokonbayevo à 90km tout en sachant que je n'irai pas jusque là. 


La route est goudronnée, parfois mal mais ça va, et plutôt passante, rien à voir cependant avec l'autoroute du premier jour!


Le décor est joli, j'évolue avec les montagnes désertiques d'un côté et le lac de l'autre. Je m'arrête un peu sur son bord, des veaux font bronzette, un kirghize m'offre des pommes et je discute avec ces italiens qui reviennent d'Afghanistan et du Tadjikistan.


Le soir approchant, je repère une piste sur la carte qui descend jusqu'au lac. Ça fait un peu long pour un détour pour la nuit mais comme c'est mon premier bivouac solo dehors dans le pays je préfère cette solution, les bords de lac sont toujours propices au campement.


Je m'engage et au fur et à mesure que je descends, ça sent le roussi... Je croise des voitures bloquées, d'autres qui me font signe de repartir... La rivière gronde du tonnerre à côté, il a du déluger dans les montagnes ces derniers jours. Il y a des flaques énormes, de la boue partout mais liquide et ça passe finalement.  

Ça fait une heure que je descend maintenant, la nuit tombe mais j'arrive enfin au lac!

Je me mets un peu en retrait, on voit toujours la route mais ma tente verte est toute petite et il va faire tout à fait noir dans peu de temps.


Je ne dors que d'un œil tout de même, n'étant pas très rassurée, seule au Kyrgyzstan, dans ma mini tente au milieu de la pampa. Même si, concrètement, je ne crois pas qu'il puisse m'arriver quelque chose.

Kysyl-Tuu -> Bokonbayevo

En me réveillant le matin de mon spot parfait - soleil, lac, montagnes - je me dis que je pourrais suivre cette piste qui longe la rive pour ressortir plus loin sur la route principale. Il faut croire que tous les avertissements de la veille quant à un éventuel plan galère en perspective n'ont pas atteints mon cerveau... 

Et pourtant ! Ce sera donc la journée de la mauvaise idée. Je vais livrer bataille pendant 5h avec mon vélo entre la boue, le sable, la pluie, la rivière et l'effondrement de la route pour pouvoir enfin ressortir de cette maudite piste! 

 

Les Kirghizes qui font trempette dans le lac (aux magnifiques couleurs par ailleurs !) doivent vraiment se demander si j'ai toute ma santé mentale à me voir déambuler d'un côté puis de l'autre de la plage en traînant avec toutes les peines du monde mon vélo de 40kg... La boue est si compacte que vient un moment où les roues ne tournent plus, je l'emmène plusieurs fois à l'eau pour le rincer.

 

13h. De nouveau au point de départ de ce matin, j'entame la remontée. La rivière bouillonne, c'est la bouillasse mais liquide alors nettement plus facile.

 

14h. Route effondrée. Un tractopelle est en train de creuser la montagne pour tracer une nouvelle voie. Minuscule envie de pleurer. Et puis finalement une pause c'est tout ce que j'attendais ! 

 

C'est à ce moment là que je fais la rencontre de Raissa, jeune kirghize professeur d'anglais, et de sa famille. Ils habitent à Osh mais sont là pour les vacances. On discute bien, ils sont très gentils et admiratifs. Mais ça y est la route est ouverte! Avant de repartir, Raissa me donne son numéro et me fait promettre de l'appeler quand je passerai à Osh.

Je ressors complètement rincée, mes deux pieds sur le goudron, ne croyant plus que ça existait encore! Mon vélo est dans un état proche de l'Ohio et mon moral n'est pas à zéro, mais je rêve de me poser pour de vrai, Bokonbayevo en ligne de mire. C'est un arrêt fréquent des touristes, on trouve dans ce village un CBT (genre d'office de tourisme) fonctionnel et donc certainement une bonne Guesthouse à la clé pour moi!

 

J'avale archi péniblement et dans un bruit de ferraille - la boue sur la chaîne c'est pas génial - les 30 km et 800 m de dénivelé qui me sépare du lit et de la douche (pourvu qu'elle soit chaude !)

18h30. En deux secondes, une kirghize parlant anglais me dégote une petite perle d'auberge recouverte de tapis moelleux et au confort irréprochable : lit douillet, eau chaude, électricité, thé, café, petit-déjeuner gargantuesque et délicieux! Je revis.

Ils annoncent de la pluie demain... Allez je reste 2 nuits !

Bokonbayevo -> Barskoon's waterfalls

Bien reposée, bien repue, grand soleil. J'enfourche mon vélo à 9h30 pour me rendre à 60km de là, à Barskoon. Ou plus exactement, aux cascades de Barskoon, 17km plus haut, sur cette route de montagne qui me fait du gringue sur la carte. 

 

Comparée à mes péripéties de l'avant-veille, cette route c'est du billard! C'est tout plat, la vue sur le lac et les montagnes est superbe, il y a peu de monde et un ciel tout bleu. 

 

Je commence quand même à être un peu fourbue à mon entrée en ville. Je suis en quête d'un café pour manger mais comme il est 15h, que nenni. Leurs magasins, genre épicerie-bureau de tabac sont ouverts jusqu'à je ne sais pas quelle heure, c'est hallucinant ! Mais les bars-restos c'est pas du non-stop pour le coup. Bon j'achète pour pique-niquer et fais quelques réserves pour la suite qui me trotte déjà dans la tête. 

 

Soudain, le présage des gargouillements du matin se réalise et je fuis. Ô miracle, je trouve des toilettes dans ce qui semble être leur salle polyvalente, toute belle et bien préparée pour un mariage. On me regarde de travers. Je me dis que c'est plus pratique la tourista dans les champs alors je pars fissa. Mais finalement, fausse alerte, c'était un épisode éclair sans suite, sûrement dû au mouton à l'odeur bizarre de la veille dont je me suis forcée à manger un morceau pour ne pas vexer mon hôte si gentille. Erreur !

Ça grimpe jusqu'au cascades! La route longe la rivière entre d'impressionnantes montagnes. Il fait gris, les nuages restent prisonniers dans les sommets et l'ambiance est un chouille lugubre. J'arrive au Yurt Camp, habituellement touristique, mais avec la météo variable, assez désert. Je plante la tente et fais la rencontre d'un couple russe voyageant à pied avec leurs deux chiens. Ils devaient faire un long trek mais ont abandonné à cause du temps peu clément.

Demain il pleut de nouveau, je préfère rester ici que pédaler sous la pluie dans la montagne, alors je décide de passer ce lundi 19 sur place. Je fais la balade aux cascades, j'écris, je lis, je dessine, j'échange un peu avec les jeunes du camp qui m'ont l'air plutôt désœuvrés... J'avais déjà téléchargé Google translate hors connexion mais Kuba me montre la merveilleuse fonction de changement de clavier sur mon téléphone. Maintenant on peut m'écrire en russe ! 

Demain, je reprends la route et quelle route!

Les images

Écrire commentaire

Commentaires: 0