Song Kul à vélo, une pépite qui se mérite

On prend les mêmes ingrédients et on recommence pour trois journées intenses autour du lac!

Dans la marmite d'eau, versez une louche de sueur et tamisez de splendeurs. Mettez à refroidir une nuit au congé. Ajoutez une belle poignée de sensations et de poussière puis faites bouillir.

Une louche de sueur

Le soleil est revenu après la petite apocalypse d'hier et nous sommes tous content! Tous content d'aller à Song Kul et d'avoir troquer nos 18 jours de vélo sur une piste pleine de camions contre 5-6 en s'offrant la perle du Kyrgyzstan ! 


Il n'empêche que la perle n'est pas si facilement accessible à deux roues... A la suite de la jolie - et plate - première partie le long de la rivière, vient la jolie - et très raide - montée dans la boue et les cailloux. Nous pédalons sur le même chemin que nous avions emprunté à cheval avec Marine et Nico il y a un mois. Jusqu'au campement de yourtes - mais elles ont disparues, seuls restent leurs traces rondes et les toilettes - ça roule encore. On y déjeune dans le froid car, malgré les rayons solaires, ça caille sacrément avec cet immuable vent d'automne!


La seconde partie de la piste et une laborieuse séance de rando-vélo : nous poussons nos lourdes bécanes qui s'engluent sur la piste. On échange : le mien c'est la double peine... De boueux, le chemin devient caillouteux, un chouilla plus facile. Ce qui ne nous empêche pas de nous arrêter littéralement toutes les 30 secondes tant l'effort est intense et l'oxygène manque. Excepté un groupe de touristes et deux ou trois cavaliers isolés qui de moquent de nous (on les comprend, nous frisons le ridicule !), nous ne croisons personne.


Enfin, comme le ridicule ne tue pas nous parvenons au col à 3 400m vers 16h! Et tout est splendide bien sûr! Le saupoudrage de neige ajoute encore un peu de beauté à mes premiers souvenirs. Nous savourons l'instant. Deux marcheuses allemandes débarquent à point pour nous immortaliser avant que nous redescendions au bord de l'eau, près de la plage du galop.


Nous plantons la tente juste un peu plus loin, sur un replat herbeux à l'aplomb du lac. Il fait très très frisquet et nous sortons les duvets pour dîner et observer les étoiles qui emplissent le ciel. Il y en a tellement ! C'est comme s'il avait aussi neigé là haut...


Tom est en partie remis de ses angoisses et émotions va de retro vélo de la veille. Mais le pauvre par contre est toujours malade, il a une version plutôt sévère de la turista qui l'oblige à se lever sans arrêt dans la nuit. Et sous la tente avec cette caillante c'est pas marrant... Heureusement, le lendemain la maladie prendra fin et nous dormirons sous la yourte.

Des splendeurs

Mais avant le congélateur

Heureusement que nous avons nos duvets car la nuit est glaciale. Ça met un peu de temps à chauffer mais après on est comme chez soi sous la couette (enfin en bonnet/doudoune/moufles/collants tout de même pour ma part). Les bouteilles restées dehors ne sont que de gros glaçons au petit matin et tout est recouvert de givre. Nous attendons donc le soleil et sa chaleur pour mettre le nez dehors. Toujours grand beau. 


P'tit déj et packettage ne font pas bon ménage avec moi ce matin, j'ai un étrange, soudain et fulgurant mal de foie... Eh ben dis-donc, c'est l'armée du salut ici! Après quelques kilomètres à peine nous faisons une pause parce que je me tord de douleur. Doliprane, huile essentielle de clou de girofle et repos d'une demi-heure et le mal disparaît miraculeusement aussi mystérieusement qu'il est apparu... On est bien au soleil, ça chauffe délicieusement maintenant !


On n'a pas grand chose à parcourir, une trentaine de kilomètres, pour parvenir au camp de yourte situé quasi à l'exact opposé du lac. Il semble que nous n'avons pas choisi le demi-cercle le plus plat et nous enchaînons les criques et les montées et descentes qui vont avec. J'ai le souffle court à chaque fois par ces 3200 m et tout effort s'accompagne de ses minutes de récupération. Puis voici la grande plaine.


Je mitraille. Nous sommes projetés dans un monde splendide et un nouvel ideal de vélo au KG. Aux montagnes enneigées, au bleu scintillant, à l'étang aux oiseaux et la plage du galop viennent s'ajouter des yourtes isolées, des lignes d'horizons et d'autres chevaux, dans la mémoire de mon appareil photo. 

Nous traversons l'étendue immense et belle. Les derniers kilomètres sont difficiles sur la nouvelle piste caillouteuse parfois ondulée et le vent, sans répit. Décidément, tout semble se mériter sur cette terre khirghize.


En milieu d'après-midi nous sommes parmi les yourtes. J'opère le meilleur, le plus facile et le plus rapide négoce de ma vie ! De 1500, elle descend à 800 Som et on se pose dans notre yourte. Je suis exténuée alors qu'on a fait seulement 30km et peu de dénivelé ! Je ne sais pas si c'est l'altitude, le cumul des journées, le sommeil léger de la tente ou autre chose encore mais vraiment je suis KO. Tom aussi, ce qui me rassure un peu sauf que lui a l'excuse d'être malade. On bulle entre sieste, lessive, déjeuner, jeu de cartes et promenade. Au dîner nous croisons une vieille française incroyablement horripilante, professeur d'allemand (chercher l'erreur ^^, la pauvre cumul les handicaps), voyageant avec un groupe. Nous prions silencieusement pour son guide. Tom abdique et passe aux antibios, la cannelle n'est pas si magique finalement. Le poêle est allumé ; lit, couverture et oreiller ; chaleur sous la yourte : merveilles! Chaque moment de confort nous apparaît désormais comme une bénédiction ! 

Une belle poignée de sensations et de poussière

On avait prévu de partir vers 9h pour tenter d'éviter le vent qui habituellement se lève vers midi. C'est raté, cette fois-ci il souffle dès 6h et fort! Tant pis... Petit-déjeuner en yourte comme je les aime, copieux! Beignets, œufs, pain, confitures, thé & petits biscuits. Un gouffre que je suis. Impressionnant ! En partant nous rencontrons un autre voyageur cycliste du camp de yourte voisin, il a marché jusqu'à nous quand il a vu les vélos. 


Finalement le vent ne nous gêne pas vraiment, nous avançons quand même, rien à voir avec Kotchkor. Ça monte doux jusqu'au col et sur peu de kilomètres. Ça nous paraît complètement un jeu d'enfant ! La vue est saisissante à l'arrivée au col. C'est un paysage complétement différent qui s'étale sous nos yeux. Nous abandonnons un instant les vélos sur le bas côté pour grimper la butte et en profiter à 360°. Les collines et la steppe font place à des montagnes pentues et semées de sapins qui arborent déjà les couleurs chatoyantes de l'automne. On voit très bien la longue suite de lacets que dessine la piste et on devine, tout en bas la vallée désertique de Naryn. C'est tout à fait grandiose !


Je troque à nouveau mon vélo avec celui de Tom car mes freins ne sont plus ce qu'ils étaient. Ils ne sont vraiment pas terribles de base, apparemment c'est un ancien système et on a trouvé plus efficace depuis. Mais en plus ils sont usés, je m'abîme les mains à force d'appuyer et même ainsi, j'ai du mal à m'arrêter. J'ai pourtant tout ce qu'il faut mais j'attendrai Djalalabad pour les changer... Allez savoir pourquoi ! Nonsense. 


La descente est longue et belle mais il ne faut pas lâcher des yeux la piste qui est assez caillouteuse et casse-gueule! Chacun doit faire attention en fonction des roues fines ou du manque de frein. Un en-cas dans un bel endroit en bord de rivière et nous voilà repartis. La piste devient pire que tout alors que les paysages eux restent grandioses mais dans un nouveau style désertique. Ça y est, un village et du goudron ! Fini la tressauterie pour un temps. On s'arrête au premier shop en vu qui fait aussi café. Les étagères sont plutôt vides. Nous ferons trois magasins pour se ravitailler correctement mais, pour l'heure, on s'attarde pour un barre chocolatée et un latte.


Nous roulons encore quelques kilomètres après le village, sur la piste qui devrait nous mener jusqu'à Kazarman. C'est graviers et gros cailloux. Et de la poussière qui vole par tonnes. Parfois, on avise une piste de terre qui longe ou tout simplement le désert plus pratiquable que la véritable route elle-même. La vallée est énorme et la rivière Naryn qui coule en son sein a creusé de véritables petites falaises de part et d'autre de son lit. Tom repère une source et nous bivouaquons tout près, sur du plat en surplomb du cours d'eau.

Les images

Écrire commentaire

Commentaires: 0