Du KG en Ouzbé, une frontière à vélo

Et nous voici  en vallée de Ferghana, à la frontière ! Bishkek - Osh c'est fait! Dernières étapes kirghizes et premières impressions ouzbeks avant les fameuses villes de la soie.

Djalalabad ou les mystères du sanatorium

Après notre excursion chez les noyers, nous avons quelques heure dans la petite ville de Djalalabad et nous tentons d'aller au sanatorium. Celui-ci est perché sur une colline toute proche surplombant la ville, fameux pour ses eaux curatives, on pourrait y prendre des bains de boues et s'y faire masser. J'ai essayé de chercher des infos sur le net à son sujet mais on n'y trouve pas grand-chose et notre hôte n'est pas plus renseignée. C'est déjà toute une histoire pour se faire comprendre une fois sur place! Nous nous sentons pas très à l'aise dans ce qui ressemble plus à un hôpital qu'à un spa mais bon… Nous finissons par trouver quelqu'un qui nous propose "le bain", seul soin encore possible apparemment à cette heure tardive (~16h). Nous nous retrouvons dans un couloir sombre à attendre notre tour pour rentrer dans un petit box où se trouve une vieille baignoire remplie d'une eau chaude, sentant légèrement quelque chose mais je ne saurai dire quoi. 10 min. Et hop c'est au suivant! Bon c'était rigolo et agréable sans pour autant être formidable! Pas pressés, nous essayons à la sortie de discuter avec notre interlocuteur pour savoir quels autres soins nous pourrions faire si on revenait le lendemain par exemple. Dialogue absurde et impossible!!! Après un bon quart d'heure de lutte sur Google translate et mille reformulations pour tenter de se faire comprendre, nous abandonnons l'idée, assez dépités sur la barrière infranchissable de la langue et des procédures. Nous nous consolons avec deux glaces (chacun ^^) au parc.

 

Le soir, c'est opération réparation des freins de mon vélo. Je change les patins et tente de graisser ceux de l'arrière pour qu'ils soient plus faciles. Je m'aperçois en les démontant qu'une pièce a cassé sur l'un deux, une sorte de rondelle ciselée qui permet le bon fonctionnement du ressort. Telle qu'elle est un des patins ne revient pas bien et reste collé à la roue… Peu pratique. C'est tout un atelier de fabrication de rondelles à base de bouchons de bouteilles qui se met en place. Le résultat est précaire mais tant pis, on ne peut pas mieux faire!

Osh, à la croisée des voyages

Finalement nous y voici!

Partis vers 9h, nous sommes arrivés sur les coups de 15h à Osh, dernière étape du voyage au Kyrgyzstan et quasi fin du vélo! Nous sommes tout heureux d'être arrivés jusqu'ici! On peut maintenant se vanter et dire à tout le monde que nous avons fait Bishkek-Osh à vélo - ouais, ouais… ! C'était une facile dernière journée : 100km au soleil sur un beau goudron, tout petit dénivelé et pause resto au milieu. Bon évidement encore quelques dernières frayeurs de chiens mais j'ai presque fini par être habituée (j'ai même donné de la voix pour chasser les derniers) ! Quatre pour être exacte, sans suite comme à l'accoutumée. Un petit roquet caché sous une voiture qui me file une frousse incroyable sous l'effet de surprise, avant de me rendre compte qu'il est ridicule. Trois impressionnants chiens de berger qui heureusement sont en surplomb, ça fait peur mais ils ne peuvent pas nous atteindre. Un chien qui saute sa clôture mais un peu tard et s'essouffle sur la route loin derrière moi, re-ouf! Les deux derniers sont en bord de route et nous suivent en grognant salement mais Tom gère le temps que leur maître les rappelle.

Nous fêtons notre arrivée au café avant de rejoindre le Park Hostel, sympa et très bien situé.

Quelques visites

Osh est assez étendue mais nous resterons autour de notre hôtel, très central pour les quelques visites à faire. On se balade au bazar où je dégote mes premiers cadeaux. Nous arpentons les immuables stands de vêtements, nourriture et tous les autres ; mais nous pouvons y observer aussi de nombreux artisans au travail : menuisier, forgeron, joaillier ou vitrier par exemple. Puis nous flânons en centre ville en suivant un itinéraire commenté sur l'application Izitravel. Nous découvrons ainsi d'anciennes fresques soviétiques, la grande statue de Lénine, les différents parcs et squares, dont le love parc où nous ne pouvons aller car il est réservé aux mariages. Institution structurelle du Kyrgyzstan, Osh est une véritable vitrine de l'opération, nous en observerons une bonne dizaine en deux jours. Nous monterons la colline du trône de Salomon en compagnie d'un iranien et d'un belge rencontré à l'auberge. Là-haut, nous avons une belle vue quasi à 360° sur la ville, ses maisons basses et rares immeubles, sous les lumières du couchant. Boutiques, restos, tests de glaces et tir à la carabine. Je prends également une journée au café pour travailler sur le blog et mes photos. Bref, nous profitons tranquillement de nos derniers jours au Kyrgyzstan.

Un dîner aux 9 nationalités

Dans l'auberge de jeunesse où nous sommes, l'ambiance est chouette. Il y a du monde, une grande terrasse où ça discute, des jeux (ping-pong, billard, fléchettes), un endroit pour garer les vélos et autres machines roulantes - oui parce que le vélo c'est carrément trop simple, certains voyagent en rickshaws, vous savez c'est ces genres de "brouettes" qu'on voit en Inde ou une pulka sur roues si vous préférez… Nous avons tout de suite sympathisé avec un belge sur la fin de son voyage de 6 mois à vélo. Lui-même nous présente un iranien dont il a fait la connaissance pour sortir en ville ensemble. Puis il y a Reda, franco-marocain, qui est à la recherche d'un quatrième compagnon pour remplir le taxi-guide qui l'emmène pour 7 jours sur la Pamir Highway. Bref, des tas de rencontres. Et ce soir là, c'est à dix personnes et neuf nationalités que nous sortons dîner! Roozbeh l'iranien, Matt l'américain, Yuri l'israélien, Lise la canadienne, Leslie l'anglais, Reda le franco-marocain, une allemande et un belge dont j'ai oublié les prénoms (que j'avais soigneusement noté sur mon carnet, puisque ma mémoire est gogole sur ce point, mais celui-ci est resté en France…) et nous. On s'en va manger des shashliks dans le restaurant juste à côté. Et on aura bien rigolé… L'expérience des absurdités du restaurant kirghize conjuguée aux absurdités des conversations autour de la table. Nous attendons donc plus d'une heure pour être servis avec des petite surprises habituelles au milieu du style : au bout de 30 min le serveur revient pour te dire qu'il n'y a pas le plat que tu voulais et il faut que tu choisisses autre chose… Pendant ce temps, parmi nos meilleurs moments : Matt l'américain demande à Roozbeh l'iranien s'ils ont des jeux à boire chez eux… Là Yuri à manquer s'étouffer de rire. Sachant qu'il est officiellement interdit de consommer de l'alcool en Iran, et même s'il est possible d'en trouver/fabriquer sur place, Roozbeh ne saisira pas bien la question… Ensuite c'est à Lise d'expliquer leur façon de trinquer au Canada en tapant une fois sur la table pour "one for the fallen". Blague de Yuri - souvenez-vous l'israélien - à ce propos : " Chez nous nous devrions taper au moins dix fois sur la table…" Pour ma part j'ai beaucoup ri à cette dernière mais je ne sais pas si j'étais sur le même degré d'humour que lui. Bref, Nous aurons bien profité pour cette dernière soirée et nous avons - il était temps! - goûté aux shashliks!

Ils sont pas fous, ils sont ouzbeks !

La frontière

Le lendemain matin, les dernières cartes postales confiées in extremis à un gentil inconnu (qui aura bien rempli sa mission puisqu'elles sont arrivées), nous sommes en route pour le passage de frontière à quelques kilomètres de là, à la sortie de la ville. Cela nous prend une heure environ entre les différentes files d'attente pour passer de l'autre côté mais tout se déroule sans problèmes. Quelques questions d'un douanier ouzbeks nous laisserons un peu perplexes, était-il curieux ou zélé? Mais sans aucune incidence sur notre entrée en Ouzbékistan.

 

Et pouf! D'un coup comme ça, toujours loin de chez toi, tu te retrouves dans un autre autre pays. J'ai déjà franchi des frontières terrestres, y compris hors Europe (où là ça te fait carrément rien), mais toujours en voiture. D'être piéton ça ne m'a pas fait le même effet, même ridicule la voiture constitue un genre d'abri. Mais là tu es tout nu et il y a comme une symbolique du pas qui se met en place ou si vous préférez : j'ai eu l'impression de franchir la ligne. Comme dans La Communauté de l'anneau (film), le plan où Sam va poser le pied plus loin qu'il n'a jamais été de chez lui ; s'ensuit en voix off la citation de Bilbon " Il est fort dangereux, Frodon, de sortir de chez soi. On prend la route et, si l'on ne fait pas attention où l'on met les pieds, on ne sait pas jusqu'où cela peut nous mener. "

 

Et puis évidemment, étant à pied, tu es côte à côte avec les ouzbeks et kirghizes qui franchissent sans arrêt les barbelés et vivent avec ce découpage ridicule fait par l'URSS. Histoire sans cesse répétée des colonisations… Tu as tout le temps de voir la foule qui se presse dans la queue, qui coure au signal, qui a un visa rempli de tampons. La frontière.

Premières impressions

Et c'est l'Ouzbékistan : du goudron et du coton! Voilà les deux principales choses qui nous sauterons aux yeux, un parfait macadam et des champs tout autour, tout autour. Plus tard je m'apercevrais qu'ici les chats ont remplacés les chiens. C'est peut-être l'un des seuls avantages à rouler dans ce pays de désert. Nous sommes à Andijan très vite. C'est la ville où nous pouvons prendre le train pour Tashkent, la capitale, où nous avons décidés que nous passerions nos derniers jours avant le départ de Tom. Nos premières expériences avec le retrait d'argent commencent ici. L'Ouzbékistan est un pays très touristique de nos jours, des flots de groupes de retraités italiens, allemands, français arpentent les villes fameuses de la route de la soie. Mais les institutions bancaires sont en retard par rapport à ces nouveaux flux économiques et retirer des soums (la monnaie ouzbek) ou des dollars (aussi utilisés) en tant qu'étranger peut devenir une véritable mission impossible. Pour cette fois-ci c'est Tom qui s'y colle pendant que je garde les vélos et à part une petite conversation ubuesque avec la banquière ça marche bien, sauf qu'il ne retire QUE 200 000 ! Et oui parmi les difficultés à s'approprier la monnaie il y a celle-ci : les gars fonctionne à coups de millions, 1 euro vaut 10 000 soum. Autant vous dire qu'on se mélange vite les pinceaux avec tous ces zéros… Heureusement nous avons suffisamment pour payer le train.

Premier train

C'est un vieux train à couchettes russe. Exactement le même que celui que j'avais pris au Kyrgyzstan. Sauf que là, comme le trajet est long pour certains, il y a tous les services qui vont avec : matelas, distribution de draps, eau chaude en libre service, marchands ambulants… Tom connaît bien, c'est pareil que le transsibérien. Néanmoins, il s'émerveille encore devant les trésors d'ingéniosité russe pour concevoir des couchettes/rangement/banquette transformables facilement sans prendre de place. Et c'est vrai qu'ils sont fortiches! Je dors comme un bébé la plus grande partie du trajet. Pendant ce temps, Tom se fait expulser de sa place pour être remplacé par une jeune maman dont notre voisine veut aider à s'occuper de l'enfant. En me réveillant je fais donc la rencontre de Zilola - quel joli prénom - jeune femme de 21 ans en voyage avec son bébé de 3 mois (ici aussi mariage et enfant sont inévitables et arrivent très tôt) et qui parle très bien français. Elle fait des études en langue étrangère et rêve d'aller faire son master à la Sorbonne - " Grâce à Dieu ". 

Tashkent

Difficile logistique

Nous arrivons à Tashkent en début de soirée. Descente des vélos, du barda, chargement, orientation, erreur, reprise et nous voici finalement à l'hôtel The Nest. Où en fait nous nous sommes complètement planté dans la réservation… Nous pensions avoir réservé une chambre double pour 4 nuits et nous avons en fait réservé un lit en dortoir. C'est aussi pour ça que c'était si peu cher…

Le The Nest est une très jolie petite auberge de jeunesse, copieux petit-déj (si on se lève assez tôt) piscine et déco bobo, ambiance relax films au salon et chicha dans la cuisine. Mais malheureusement assez désorganisée… Beaucoup de jeunes derrière le comptoir d’accueil et peu d’efficacité. On aura conclu avec eux 2 nuits en dortoirs puis 2 nuits en chambre double pour finalement se voir dire que ce n’est pas possible. Bref, nous perdons une matinée pour trouver une autre auberge qui ne soit pas trop mal au même prix. Et nous jetons notre nouveau dévolu sur le Jules Vernes Hostel où nous sommes plus proche du centre et bien mieux accueillis finalement.

 

Si le passage frontière s’est fait très facilement, l’arrivée en Ouzbékistan est difficile. Entre la réservation d’hôtel, les visites introuvables et la quête de monnaie, nous avons la désagréable impression de participer à une course d’obstacles. Nous butons face aux incohérences et nous nous interrogerons souvent sur les absurdités flagrantes dans nos recherches et nos échanges… Est-ce qu’ils ne comprennent pas ? Est-ce qu’ils ne savent pas ? La plupart du temps d’ailleurs, les gens sont « gentils », ils s’excusent de ne pas pouvoir répondre à notre demande. N’empêche ça restent compliqué.

 

Par exemple, pour retirer de l’argent, les employés de l’auberge nous conseillent d’aller au Mir, grand hôtel de luxe (ce qui correspond aux dires de mon guide papier – par ailleurs complétement largué la plupart du temps). Mais là-bas tous les distributeurs sont hors service. Nous demandons à l’accueil qui nous conseille d’aller à un autre hôtel à 3 km ! Tout ça nous paraît ridicule et ça l’est puisque, finalement, juste en face, nous passons devant une banque où s’alignent à l’extérieur des distributeurs acceptant nos carte visas. Nous faisons chacun deux retraits de 900 000 Soums. Nous sommes donc à présent deux millionnaires dans les rues de Tashkent. Par la suite, je m’apercevrais que l’on peut aussi retirer au guichet dans presque n’importe quelle banque. Comment est-ce possible que ni à notre hôtel, ni au Mir (pourtant à deux pas !) dont le boulot est d’accueillir sans cesse des touristes, ils ne sachent pas cela ?! Ça paraît invraisemblable.

 

Même cirque pour obtenir des informations pour ajouter des vélos en bagage sur nos vols retour par l’Ouzbékistan Airways. Nous nous rendons aux locaux principaux de la compagnie aérienne dans la capitale et on se voit répondre qu’ils n’ont pas d’informations : il faut aller demander à l’aéroport. C’est comme si t’allais à la boutique Air-France des Champs Elysées et qu’on te renvoyait à Charles de Gaulle… Et pas moyen qu’elle appelle l’aéroport pour nous ! S’ensuit l’épisode de la galerie d’art introuvable, à la place se trouve un hôpital ; puis de l’achat de la carte SIM qui pour le coup sera un peu long mais pas trop compliqué. Enfin bref, un petit parcours du combattant incompréhensible et très désagréable pour chaque étape logistique.

Mais aussi des visites

En dehors de ces aléas, nous profitons de ces quelques jours dans la capitale pour l’explorer un peu en métro et beaucoup à vélo. Nous allons voir le Chorsu bazar, très bien organisé et très appétissant si on ne regarde pas les étalages de viande. Nous nous laissons tenter par les salades, la crème – qui s’avère être un gouteux fromage blanc, le pain et les fruits secs. Un peu plus loin à pied se trouve le complexe X où quelques artisans et marchands occupent les lieux. Nous irons également au jardin japonais, mignon avec une vue sur la TV Tower, emblématique de Tashkent. Que dire du jardin botanique ? Grande fan des jardins, je ne m’attendais pas à des merveilles mais à tout de même mieux qu’une piste cyclable – certes neuve – au milieu d’une forêt à l’abandon. Un anglais digne de ce nom ferait une syncope qu’on ose appeler « jardin » un truc pareil et on est à mille lieux des magnifiques 40 000 m² parfaitement entretenus de celui de Göteborg en Suède auquel je pense avec nostalgie. Sinon, nous flânons dans les différents parcs et places fameuses de la ville qui sont plutôt agréables. Et archi propres pour le coup ! Une armée de balayeurs-balayeuses faisant une chasse assidue aux feuilles mortes. Notre meilleure visite est le musée des arts appliqués où est concentré les exemples d’artisanat du pays : céramiques, travail du bois, soieries  et broderies, peintures ornementales…

 

Nous testerons également beaucoup de restaurants et cafés et retrouvons les mêmes spécialités qu’au Kyrgyzstan, entre mantis – sorte de gros raviolis chinois vapeur à la courge ou aux oignons et à la viande, somsa – feuilleté aux oignons et à la viande, shashliks & plov – plat de riz qui peut être délicieux s’il est bien fait. Et bien sûr glaces, café latte et gâteaux.

 

Et pour finir nous nous occuperons de trouver des cartons pour emballer le vélo de Tom et faire quelques boutiques cadeaux.

 

Ainsi s’achèvent ces quelques jours en capitale ouzbek et voici venu le temps du départ. Tom prend l’avion pour la France, qu’il a hâte de retrouver après sa saison norvégienne et cette parenthèse asiatique ! Retrouver aussi la famille, les amis et le projet Tiny. Et moi je monte dans un train de nuit pour Khiva à l’ouest, presque à l’autre bout du pays.

Les images

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Commentaires: 2
  • #1

    Millet Catherine (dimanche, 17 novembre 2019 19:19)

    Tes photos sur Instagram nous font rêver
    Ici c est la grisaille
    Bon on a quand même les couleurs de l au.tomne
    Je ne sais pas si j aurais pris un bain dans ce sanatorium!
    Bonne continuation bises de nous 2

  • #2

    Maraouté (dimanche, 17 novembre 2019 20:45)

    Ahah Catherine, c'est vrai que ça donnait pas très très envie...
    J'ai vu! Tes photos d'automne sont superbes, ça me donne envie de découvrir Fontainebleau. Mais je suis bien ici pour l'instant à São Nicolau ^^
    Vous n'êtes jamais allé au Cap Vert d'ailleurs vous deux? Ça vous plairait! Des bisous