Ténérife, Plongée et Teide

Jamais deux sans trois.

Quatre jours de plages et un volcan, Teide.

Résumé d'un masque, un tuba et d'une ascension sur Ténérife la grande.

Retrouvailles

On peut dire que j’ai bien mis à profit ces quatre journées en terre canarienne. Les canaries, j’aime. Ce ne sont pas les Açores – love forever – mais quand même ces îles-ci sont géniales aussi ! Je suis déjà venue sur Ténérife, jamais deux sans trois et me revoilà. J’ai réservé pour faire l’ascension du Teide, volcan culminant à 3777 mètres, pour le 2 novembre et j’embarque le même soir à bord du Pikou Panez, mon embarquement pour le Cap Vert et les Caraïbes.

 

Dès mon arrivée, les habitudes faciles reviennent. Je fais du stop avec un polonais qui « n’avait rien d’autre à faire » que de me conduire jusqu’au ponton où se trouve le bateau, dans la marina de San Miguel. J’ai donné rendez-vous à Vennec, le skipper, pour pouvoir poser quelques affaires à bord avant de repartir en vadrouille – un peu frustrée de ma garde-robe spartiate lors de mes aventures à vélo j’ai pris autre chose que des vêtements techniques et j’ai donc un sac énorme ! Nous nous retrouvons à bord à leur retour de plage, je trie mes affaires et nous prenons l’apéro tous ensemble. L’occasion pour moi de retrouver les visages vus en juillet et rencontrer la benjamine du clan du Fouesnant. Agnès et Vennec ont fait trois filles, comme chez nous : Maelenn – 22 ans, Lenaig – 19 ans et Bleuenn – 12 ans, très bientôt 13.

Et l'ambiance LEMENER a des ressemblances avec celle des JAOUEN, ce qui n'est pas pour me déplaire! Je me réjouis déjà d'être tombée sur eux pour naviguer... Vennec me dépose aux portes de mon auberge à 15 min de là dans la petite station de bord de mer de Las Galletas.

Un masque et un tuba

Je prends deux jours pour profiter du charme tranquille et balnéaire du lieu. Mon auberge est assez sympa dans un véritable esprit hippie canarien. Je n'y dors pas beaucoup pour cause de moustiques et ronflements indécents et incessants mais ces inconvénients sont compensés par la bonne ambiance et son parfait emplacement. Elle est littéralement à deux pas d'une petite plage coincée entre un gros complexe hôtelier avec piscine et les falaises de lave. La ville est un peu plus loin, à 5 min à pied. Je prends mes p'tits dèj - pan con tomate y latte - en terrasse face à la mer irisée de soleil. Après le froid des montagnes kirghizes, l'administration ouzbeks et la tempête bretonne, c'est les vacances dans les vacances! J'achète un masque et un tuba et j'explore les abords de la côte. Joli spot. On y voit de petits poissons coffres, des girelles paons si colorées, des serials, des aiguillettes et des tas d'autres dont je ne connais pas les noms. La mer est plutôt agitée, le vent souffle fort et sans discontinuer. Mon coin favori sera à l'abri des falaises depuis la minuscule plage ou d'une petite plateforme équipée d'une corde, la lave forme des paysages inédits, sous l'eau comme sur terre, faits d'arches et de boules de basalte.

Un volcan et une ascension

Je mets à profit les 3 jours suivants pour randonner et gravir le fameux Teide. J'en avais aperçu le sommet lors de ma première venue en décembre - sans pouvoir en voir plus car la route était fermée en raison de la neige et la glace - et rien du tout lors de mon deuxième passage éclair sur Ténérife pour un changement d'avion. Cette fois je le verrai comme il se doit!

 

D'abord je me rends en stop/bus/stop à Vila de Arico. Je me demande si je sortirai vivante de mon dernier ride pour la petite bourgade blanche perchée à 550 m à flan de montagne. En effet, je monte à bord d'une voiture déglinguée conduite par un Vénézuélien aussi enfumé que son acolyte italien. Ils venaient dans l'autre sens et ont eu la générosité, surement insufflée par la THC et la taille de mon sac-à-dos, de faire demi-tour pour m'emmener là-haut à 7 km. J'enfile pantalon et manches longues et commence à marcher sur la petite route menant à l'Area de Acampada El Contador  où j'ai prévu de camper. Elle est à 8 km, il est 18h et je finis dans le noir. Je passerai cette nuit d'Halloween toute seule sous les étoiles, au milieu des pins agités par le vent. Je me souviens bien de celle il y a deux ans, c'était aux Canaries aussi, mais sur Lanzarote. J'avais passée une soirée mémorable avec deux italiens dans un cannabis club et j'étais rentrée à ma tente sur la plage avec beaucoup de peine et de zigzags.

 

Je me lève avec le soleil et j'entame les 15 km et 1300 m de dénivelé qui doivent me mener au centre des visiteurs de Cañada Blanca, au pied du Teide. La marche est belle, je m'élève au milieu d'une forêt de pins sur un sentier de roche et de sable ocre. Toujours la même essence mais jamais le même décor, les jeunes pousses offrent un vert tendre à la limite du réel et les plus vieux ressemblent à des Ents, arbres animés de vie tout droits sortis de Tolkien. Peu à peu la colline se dégarnie, et bientôt seuls les arbustes et autres plantes désertiques accompagnent mes pas. Et tout d'un coup, le voilà! Le Teide apparaît dans toute sa puissance et sa caldeira emplit tout l'espace. Je n'avais pas vu de photo et je ne m'y attendais pas… Il me semble énorme et j'ai une petite appréhension pour l'ascension du lendemain avec tout mon barda sur le dos. En attendant, je trottine dans la seule descente de la journée pour rejoindre le bar du centre visiteur où je sustente faim et soif. Comme je n'ai pas vraiment la foi de jouer à cache-cache avec les rangers du parc, je préfère redescendre en stop à la Zona Recreativa  la plus proche pour y planter la tente. Nuit terrible dans les hurlements du vent et les rafales qui secouent la tente, plusieurs fois je tiens l'arceau principal à bout de bras dans la peur qu'il se rompe.

 

Le lendemain, je suis tôt sur le bord de la route pour attraper l'une des rares voitures qui montent au cratère à cette heure. Me voici tout de même de retour à Cañada Blanca avant 9h, déterminée, mais pas confiante, à ajouter ce sommet à la liste de mes randonnées. Au début je ne croise personne et la marche n'en est que plus belle entre les coulées de lave et les énormes bombes volcaniques qui jalonnent le sentier. Plus tard, je rencontre un groupe de randonneurs qui ne me rassure pas du tout sur la longueur et la difficulté du reste… Selon eux il faudrait encore 4h de marche rien que pour arriver en haut du téléphérique et 5h de plus pour la descente. Il est 11h... Je me persuade tant bien que mal que ces gens là ne savent pas marcher et que j'ai largement le temps de finir mon itinéraire. C'est reparti! Je laisse sur ma gauche le Pico Viejo, grignote un peu et reprends la route dans un vent de face à décorner les vaches. Voici la partie la plus ardue, une raide montée dans une avalanche de blocs de lave ébouriffés. C'est grandiose, le Teide est merveilleux vu d'ici mais pas autant que le monstrueux cratère du Pico Viejo qui se découvre dans mon dos au fur et à mesure des mètres gagnés. Deux heures plus tard me voici au téléphérique. Je conclus que tout va bien et que la nuit ne m'aura pas. Il n'y a pas grand monde… Le téléphérique fermé, l'immense majorité des touristes ne vient pas jusqu'ici. Je laisse mon sac dans un coin pour l'aller-retour au bord du cratère. 3 718 m. C'est plein de couleurs et de nuages ; la caldeira, l'océan et la côte se dévoilent au grès des vents. La descente sur le flan est tout aussi sublime et plus facile car bien aménagée. Enfin, en compotée de jambes, je parviens à la route! Je l'ai fait! Sac-à-dos ou pas. C'était difficile et majestueux et je suis très heureuse.

 

Il y a du passage mais je dois attendre un moment avant qu'un couple de touristes polonais ne s'arrête pour me ramener à Cañada Blanca. Je larve une nouvelle fois au soleil du bar en dégustant ma pile de beignets largement mérités après ces 1400 m de montée et 17 km avalés! En sortant, j'avise un couple qui s'apprêtent à redescendre, ils sont ukrainiens et enchantés de mes deux mots de russe. Ils vont jusqu'à El Medano où ils me déposent à l'arrêt de bus pour rejoindre la marina de San Miguel et le bateau. Sacrée journée!

La suite est une tout autre aventure! Elle est à voile. A partir de maintenant c'est l'océan qui commence pour une semaine sur l'eau avant de voir briller les feux de Mindelo, Cap Vert.

Les images

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Commentaires: 2
  • #1

    Millet (dimanche, 01 décembre 2019 20:11)

    Toujours autant de plaisir à lire tes aventures
    Finalement on préférais tes galères à vélo ça nous faisait moins envie!
    Profite bien nous ici c est ciel gris gris gris
    Tes photos du cap vert nous font aussi rêver bises cath

  • #2

    Maraouté (lundi, 06 janvier 2020 15:13)

    Oh les Millets! Je viens de m'apercevoir que ma boîte mail cachait les commentaires du blog dans un de ses recoins et que j'étais passée à côté de quelques-uns dont celui-ci !
    Merci de votre suivi!
    Aujourd'hui je mets en ligne le Cap Vert. J'ai beaucoup de mal à trier les photos car tout est beau mais j'y suis presque.
    Pour lutter contre le gris Paris attendez de voir les plages Caraïbes... C'est dingue de blanc et cocotiers...