L'Union fait la force

Douce Union. Un peu spéciale Union…

Dernière île explorée sur voilier,

derniers moments partagés

en compagnie de la fine équipe du Daou Vreur.

Chatham Bay

C'est à Chatham Bay que nous jetons d'abord l'ancre. Grande anse sauvage et bien abritée. Tout commence toujours par la plage. Celle-ci est longue- quasi déserte à vrai dire - bordée par un hôtel de luxe excentré, quelques cabanes de pêcheurs et deux ou trois paillotes. Je suis étonnée du peu de bateaux et d'activité, il semble que tout le monde reste scotché à Sainte-Anne ou aux Tobagos Cayes!

En fin d'après-midi, nous profitons de la vue depuis les collines surplombant la baie. Les petits bateaux flottent en contrebas dans une lumière velours d'orange. Des plages secrètes nous apparaissent, d'autres îles au loin. Des touffes d'herbes déjà sèches se déhanchent et dorent encore sous la brise. Nous rencontrons les tortues de terre qui peuplent l'île. A tel point qu'on en croise souvent en bouillie sur le bas-côté des routes : image délicieuse. 

De retour sur le sable, le soleil commence de disparaître à l'ouest. Nous buvons un cocktail sous  les palmes du toit d'un kiosque de bois blanc. C'est une belle soirée. Tout est là : les petites guirlandes de lumières, la musique et un coucher de soleil violet et doux comme une fleur de banane. A bord nous poursuivons la fête, je bois sans m'en rendre compte alors que nous sommes en feu dans le cockpit! Photo, danse, bain nocturne, caleçon par dessus bord… Le lendemain Norah sera ma mémoire de cette folle soirée et nous irons fouiller les fonds pour retrouver le caleçon perdu de Robin, sacrifié la veille sur l'autel de la fête. Un bateau voisin commente : " Les Français ne chantent pas bien mais savent mettent l'ambiance! "

Une belle balade en suivant les petites routes - il y en aurait-il des grandes? - nous fait découvrir presque l'intégralité d'Union. Nous croisons des maisons de béton toutes en surplomb, des façades pétards, des chiens errants tout maigrichons, des cimetières de lambis. On mange une glace à Ashton en repérant le prochain mouillage sur la côte sud au niveau de Frigate Island : spot de kite réputé et chantier de marina abandonné. Enfin nous voici à la capitale : Clifton. Oh le gros mot pour ces quelques rues! Avions et ferrys partent d'ici. On y trouve aussi facilement café latte, smoothie et brunch bobo bio dans cette petite bourgade colorée et sympathique. Nous passerons certaines de nos joyeuses soirées dansantes dans ses bars. Bonne ambiance donc à Clifton!

 

Nous repartons par le nord et la boucle est bouclée. Cette île minuscule et est vraiment très mignonne. Lac salé, belle plage, rochers étonnants. Flore invasive aussi. Nous découvrons la cuscuta campestris ou "griffes du diable". Une plante capable de coloniser un grand nombre de végétaux et qui dans notre cas recouvrait des arbres entiers de ses cheveux orangés! La soirée est calme après cette belle promenade et nos folies de la veille.

Frigate island

Absolument comme tous les jours, il fait beau et il y a du vent.

Nous avons à peine bougé, simplement fait le tour de la pointe. Alors que Norah bulle et que Robin surf, Alexandre et moi explorons les fonds sous-marins et les hauteurs du mouillage. La vie sous la quille ne vaut pas grand chose, l'eau est trouble et les coraux trop altérés. La visite de la colline est plus intéressante. Ca bartasse sévère! C'est à dire qu'on bataille dans les fourrés. Je me félicite d'avoir enfin pensé à mettre un pantalon et non plus un short! Tout pique ici! Cactées, troncs hérissés, buissons épineux… Cette jungle-maquis sèche ne paye pas de mine et pourtant elle est coriace! Notre récompense : la marbrure vert-bleu paradis du lagon sur le grain de la mer. 

Nous croisons de nombreuses araignées et des plantes grasses aux pointes acérées. Vient un moment où elles forment un large obstacle que je m'essaie à franchir par le haut. Je grimpe au tronc d'un arbre aidée par ses lianes en écharpe et tente un pont de singe entre ses branches pour atteindre l'autre côté. Mon acolyte me prédit mille chutes dans les piquants mais il n'en n'est rien : j'atterris saine et sauve derrière la haie de la mort avec jubilation, crânerie et soulagement! Peut-être ai-je trop joué aux jeux vidéos… L'obstacle suivant est une falaise qui met fin aux acrobaties et nous fait sagement revenir en ville.  

Palm Island

Comme pour me contredire, c'est par un petit matin voilé que nous partons pour Palm Island située tout près tout près. Minuscule ilot, elle abrite seulement un immense et très luxueux hôtel qui a privatisé l'entièreté de l'île à l'exception du bord de mer immédiat. Le sable est donc le seul endroit où nous sommes autorisés à poser nos fesses de sous riches et nous en profitons au maximum en y allant pique-niquer.

L'eau est d'une couleur jamais vue : curaçao dans un nuage de lait. La plage, d'un blanc hallucinant, est entièrement faite de grains de corail. Les abords sous-marins sont d'ailleurs très beaux mais il est difficile d'en profiter tellement le courant y est puissant. Pour nous revigorer de notre baignade sportive, le reste de l'après-midi est consacré aux réalisations d'envies culinaires individuelles et hétéroclites : chocolat chaud, pop corn et… frites!

Clifton harbour

Dernier jour.

Nous sommes à la bouée au port de Clifton d'où est censé partir mon ferry. Chacun a ses besoins d'internet - qui consiste pour moi à essayer de confirmer mes infos de départ - et nous passons l'après-midi en ville.

Apparemment tout est ok, demain à 6h30 j'embarquerai pour Saint-Vincent d'où je prendrai l'avion pour New-York puis Mexico, point de rendez-vous avec la famille.

Nous honorons comme il se doit ma dernière soirée entre bon repas, partie de coinche, bar, danse, cocktails, retour à bord à 3h, nouveau jeu de carte, spaghettis à 5h. Il me reste une petite heure et demie de sommeil… 

Je me lève dans un brouillard total, mon sac est prêt. Alex m'emmène et nous voici sur un banc face à l'embarcadère à discuter et regarder le soleil se lever.

6H30 et toujours rien.

On commence à se poser des questions quand deux passants nous informent que le ferry ne viendra pas, il est en panne de moteur…

Mince! Comment faire? 

Ils nous conseillent l'avion ou éventuellement un catamaran pour touristes qui doit repartir vers 14h. A l'aéroport, la personne en charge des réservations ne sera là qu'à 9h30 mais j'apprends tout de même qu'un avion décolle à 17h. Seulement je ne sais pas s'il reste de la place… Retour à bord. Re-sieste d'une heure et demie. Retour à l'aéroport…

Bingo! Il reste de la place dans le coucou et ça ne coûte qu'une cinquantaine d'euros!

Je suis dans un état proche du coma mais soulagée et heureuse d'assurer mes vols et les retrouvailles familiales!

Du quatuor au solo

 

16h. Il est temps que je quitte la fine équipe. Des embrassades et des remerciements. Pas mal d'émotion pour ma part. Que ça fait drôle de mettre fin à ces trois intenses semaines d'amitiés et de découvertes! Comme ça… Tu me vois, tu me vois plus.

Qu'il est bizarre d'être à nouveau seule!

Après eux, notre quatuor harmonieux.

Mais aussi après toutes ces rencontres qui se sont enchaînées depuis le départ en transat : Vennec, Bleuenn, Agnès, Charlotte, Youena, Franck, Dino, Rachel, Antoine, Idir, Caro, Franck, les enfants, Gene, Stéphane, Cédric, Arnaud, Adam, Theresa… 

Tous ces noms, ces personnalités, ces affections, ces coups de vent émotionnel, ces attachement fugitifs. Il va falloir se réhabituer doucement… Les Caraïbes ne sont pas encore derrière moi que la tendre morsure de la nostalgie me pince déjà.

 

 

Car ces adieux sont les prémices d'une seconde page du voyage qui se tourne. Ils annoncent aussi, pour très bientôt - deux jours !- adieu tropiques, adieu chaleur, et corail, et vie à la voile, punch, palmier, plongée. Adieu paradis, adieu petits Antilles…

Et bonjour famille, heureusement!

Les images

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